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Comment différencier la dépression post partum et le baby blues ? Loriane SCHMITT, sage-femme nous répond !

La période post-partum est une période de bouleversements émotionnels et physiques pour de nombreuses femmes. Parmi les défis auxquels elles peuvent être confrontées, deux termes reviennent souvent : le baby blues et la dépression post-partum. Bien qu’ils soient souvent utilisés de la même manière, il est important de comprendre qu’ils désignent des expériences différentes.

Le baby blues est un phénomène fréquent qui touche environ 80% des femmes après l’accouchement. Il se caractérise par des sautes d’humeur, une sensibilité accrue, des pleurs fréquents et une certaine vulnérabilité émotionnelle. Ces symptômes surviennent généralement dans les premiers jours suivant la naissance et tendent à se résorber d’eux-mêmes en quelques semaines. Les modifications hormonales et notre nouvelle vie de maman sont souvent impliqués dans l’apparition du baby blues.

En revanche, la dépression post-partum est une condition plus sévère et plus persistante, touchant environ 10 à 20% des femmes après l’accouchement. Elle se manifeste par une tristesse profonde, une perte d’intérêt pour les activités quotidiennes, une fatigue extrême, des troubles du sommeil, des sentiments d’inutilité et des pensées négatives récurrentes. Contrairement au baby blues, la dépression post-partum nécessite une attention et une prise en charge professionnelles pour éviter des conséquences potentiellement graves pour la maman et le bébé.

Ensemble, faisons en sorte de créer une bulle de soutien chaleureuse pour les nouvelles mamans. C’est que va nous explique Loriane SCHMITT, sage-femme à la Motte-Servolex.

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1) Qu’est-ce que le baby blues ?

Le baby blues, c’est un peu comme un coup de blues post-accouchement. Après avoir donné naissance à bébé, de nombreuses mamans ressentent des émotions intenses et contradictoires. Elles peuvent être super joyeuses un moment, puis se sentir tristes ou irritable sans vraiment savoir pourquoi. C’est comme si leurs émotions jouaient au yo-yo pendant quelques jours, voire quelques semaines. Mais pas de panique, c’est une réaction tout à fait normale aux changements hormonaux et aux ajustements de la vie de maman. Ça passe généralement tout seul, sans laisser de séquelles durables.

2) Qu’est-ce que la dépression post-partum ?

La dépression post-partum, c’est comme si le coup de blues après l’accouchement ne partait pas et devenait plus sérieux. Certaines mamans peuvent se sentir vraiment tristes, épuisées et sans énergie pendant longtemps après avoir eu leur bébé. Elles ont du mal à trouver du plaisir dans les choses qu’elles aimaient avant, se sentent souvent dépassées et peuvent même avoir des pensées négatives à propos d’elles-mêmes ou du bébé. C’est un peu comme un gros nuage gris qui les suit partout. Cela peut être effrayant et épuisant, mais il est important de se rappeler que c’est une vraie condition médicale et qu’il existe des façons d’obtenir de l’aide et de se sentir mieux. La dépression post-partum est la 2ème cause de décès dans les 1 an suivant la naissance.

Il ne faut surtout pas hésiter à en parler autour de soi, et prendre contact avec sa sage-femme, gynécologue, pour qu’elle vous guide sur un chemin qui pourra vous aider à sortir de cette spirale.

3) Quels sont les facteurs de risques communs entre le baby blues et la dépression post-partum ?

Les antécédents personnels ou familiaux de troubles de l’humeur : Si une femme a déjà connu des épisodes de dépression ou d’anxiété par le passé, elle peut être plus susceptible de développer un baby blues ou une dépression post-partum. De plus, si des membres de sa famille proche ont souffert de troubles de l’humeur, cela peut également augmenter le risque.

Le manque de soutien social : Le soutien social et émotionnel joue un rôle crucial dans la période post-partum. Le manque de soutien adéquat, que ce soit de la part du partenaire, de la famille ou des amis, peut accroître le risque de développer des difficultés émotionnelles, y compris la dépression post-partum.

Les changements de mode de vie et les ajustements liés à la maternité : L’arrivée d’un nouveau-né apporte de nombreux changements dans la vie d’une femme. Les nouvelles responsabilités, le manque de sommeil, les modifications de la routine quotidienne peuvent entraîner une certaine détresse émotionnelle, que ce soit sous la forme du baby blues ou d’une dépression post-partum.

Il est important de noter que la présence de ces facteurs de risque ne signifie pas nécessairement que le baby blues ou la dépression post-partum se développeront. Chaque femme est unique et peut réagir différemment à ces facteurs. Il est essentiel de se rappeler qu’il existe des mesures de soutien et des traitements disponibles pour aider les femmes à traverser cette période de manière positive.

4) En tant que professionnel, comment détectez-vous les signes de la dépression post partum ou du baby blues ?

« En tant que professionnel on est déjà attentifs aux facteurs de risque de dépression post partum : antécédent personnel ou familiaux de dépression, stress important (problème de couple, difficulté au travail, problème de logement, difficultés financières…), patiente isolée, accouchement difficile, grossesse non désirée.

Il est parfois difficile de dépister parce que les mamans ont honte de ce qu’elles ressentent tellement on idéalise la maternité. Et contrairement à une dépression « classique » la maman est obligée de s’occuper de bébé donc elle ne peut pas rester au lit à ne rien faire. Mais en général ce sont des mamans qui pleurent beaucoup, qui se dévalorisent, qui ont du mal à supporter les pleurs de bébé. »

5) Loriane, quels seraient tes conseils pour accompagner/ anticiper au mieux ces symptômes ?

« Pour accompagner et anticiper tout ça je dirais qu’il faut bien s’entourer. Des proches aidant et des professionnels en qui on a confiance et avec qui on se sent à l’aise pour parler de tout.

 

Je pense vraiment qu’en tant que sage femme on a un rôle central dans le dépistage de la dépression parce qu’on est plus accessible qu’un médecin. Et puis on connaît bien les mamans qu’on suit. Souvent elles se confient sur des sujets qu’elles n’abordent avec personne notamment parce qu’on prend le temps. Suggérer aussi aux proches de nous contacter (ou n’importe quel pro qui suit la famille) s’ils sentent que la maman va mal.

Depuis l’été 2022 le suivi post natal a été renforcé avec la création de l’entretien post natal obligatoire entre 4 et 8 semaines après l’accouchement. Deuxième entretien si besoin entre 10 et 14 semaines. C’est possible avec sage femme, médecin ou gynéco mais à ma connaissance seules les SF le font. Il y a une prise en charge CPAM 70% comme une consultation »

 

Il y aussi des séances post-natales, ce que moi je propose, en groupe parce que je trouve que c’est sympa d’échanger entre jeunes mamans. »

6) Est-ce qu’automatiquement, toutes les femmes sont touchées par la dépression post-partum ou le baby blues ?

« Je voulais également ajouter que même si la dépression post-partum est de plus en plus discutée et comprise, il est important de rappeler que tout peut très bien se passer, et que l’on peut être pleinement heureuse avec son bébé. C’est génial que nous puissions parler ouvertement de ces sujets, mais gardons à l’esprit que chaque expérience est unique, et beaucoup de mamans vivent une période heureuse et épanouissante avec leur nouveau-né. »

En somme, le baby blues et la dépression post-partum peuvent rendre la période post-accouchement émotionnellement tumultueuse pour de nombreuses mamans. Alors, rappelez-vous, mesdames, que vous n’êtes pas seules dans cette aventure. Si vous vous sentez submergée, triste ou dépassée pendant plus de quelques semaines, il est essentiel de ne pas rester silencieuse.

N’hésitez pas à demander de l’aide et à parler à un professionnel de la santé. Ils sont là pour vous soutenir et vous aider à trouver des solutions adaptées. Que ce soit un thérapeute, un médecin ou une sage-femme, ces experts peuvent évaluer votre situation, vous proposer des traitements et vous donner les outils nécessaires pour vous sentir mieux.

Se faire aider ne signifie pas que vous êtes incapable de faire face ou que vous êtes une mauvaise mère. Au contraire, cela montre votre force et votre détermination à prendre soin de vous et de votre bébé. En sollicitant un soutien professionnel, vous pouvez commencer à surmonter ces difficultés et retrouver votre équilibre émotionnel. Cette dépression peut toucher les papas aussi, tout le monde est légitime et peut souffrir de ce diagnostic, il est important d’être à l’écoute des deux parents.

N’oubliez pas non plus l’importance du soutien social. Parlez ouvertement à votre partenaire, à votre famille et à vos amis. Ils peuvent vous apporter un soutien précieux et vous aider dans votre parcours.

Rappelez vous, les nouvelles mamans méritent tout l’amour, l’attention et le soutien possible. Alors, faites vous confiance, prenez soin de vous et demandez de l’aide quand vous en avez besoin. Vous n’êtes pas seule, et vous méritez de vivre cette belle étape de la maternité dans la sérénité et le bonheur.

Les adresses à retenir :

  • A Chambéry : il y a L’UPPN qui reçoit les mères /couples jusqu’aux 2 ans de l’enfant si besoin : 

https://www.ch-metropole-savoie.fr/annuaire/7230/4431-unite-de-psychopathologie-perinatale-uppn-chambery.htm

 

  • Au niveau plus national il y a des associations comme maman blues : 

https://www.maman-blues.fr/

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